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Perla, une association à la rencontre des prostituées

DEPUIS 2013, L’ASSOCIATION PERLA DESCEND DANS LES RUES POUR NOUER DES CONTACTS ET PROPOSER UNE AIDE CONCRÈTE AUX PROSTITUÉES DE LAUSANNE ET D’AUTRES VILLES ROMANDES. REPORTAGE.

La nuit tombe doucement sur la ville de Lausanne un soir d’août. C’est proche de la gare que se trouvent les bureaux de Perla.

Fondée il y a une dizaine d’années par Elisabeth Rupp, l’association lutte contre l’exploitation sexuelle et le trafic qui l’entoure. Ce phénomène concerne aujourd’hui neuf prostituées sur dix. Contrairement aux idées reçues, elles n’ont souvent pas le choix de descendre dans la rue et d’y «travailler». Selon le
rapport mondial sur le système prostitutionnel, 48% d’entre elles en Europe sont mineures et commencent cette activité aux alentours de treize ans. L’association est active dans plusieurs autres villes romandes et est constituée principalement de bénévoles, qui se rendent deux par deux, toutes les deux semaines auprès des femmes prostituées dans les rues.

CRÉER UN CONTACT
Christianisme Aujourd’hui s’est rendu sur place
pour suivre une de leurs interventions. Après un court trajet, la petite équipe arrive dans une rue sombre, mal éclairée. La directrice de l’association est accompagnée d’une stagiaire. Elles récupèrent le sac dans lequel se trouvent les boissons et le chocolat qu’elles veulent offrir aux femmes. Les bénévoles commencent la tournée en se rendant vers l’une des jeunes filles qui attend patiemment sur le bord du trottoir. Elle essaie d’attirer l’attention des voitures qui passent devant elle. Elisabeth Rupp la salue et lui tend une tablette de chocolat. Elle la remercie en anglais, la conversation est engagée. Eli-sabeth Rupp lui présente l’association, son objectif et ses valeurs. Elle lui demande son pays d’origine:

le Nigeria. Ce soir-là, une grande majorité des prostituées rencontrées sont originaires de ce pays. Certaines ont des papiers officiels italiens, d’autres confessent ne pas en avoir du tout. La directrice lui tend la carte de l’association, sur laquelle apparaît un numéro de téléphone. Elle insiste sur le fait qu’elle peut les contacter à tout moment pour demander de l’aide ou signaler un abus. Cette dernière hoche la tête.
Elle se dépêche de ranger la carte reçue dans son porte-monnaie. Les prostituées sont parfois sur écoute. Leur mentor ou le proxénète n’est jamais très loin. Elisabeth Rupp lui propose de prier pour elle, ce qu’elle accepte. La petite équipe entoure alors la jeune femme un peu surprise et émue. Les valeurs chrétiennes de l’association, bien que discrètes, sont un outil essentiel lors de la rencontre avec les jeunes femmes.

SORTIR DE LA PROSTITUTION
Le même schéma se répète avec la plupart des
prostituées présentes. Les membres de l’association l’affirment: il est très compliqué d’aider ces femmes à sortir de l’exploitation sexuelle. Elles n’osent pas parler et ont très peur de la police. Pour que leur situation change, elles doivent s’exprimer et porter plainte avec des preuves à l’appui. C’est là que l’association peut jouer un rôle très important. Parfois, ces jeunes filles ne se rendent pas compte qu’elles sont prises dans un système de traite humaine. C’est surtout le cas de celles qui sont exploitées par des hommes appelés communément loverboys. Ces individus entrent en relation avec ces femmes, leur faisant croire à un amour sincère, développent avec elles une dépendance affective et les forcent à se rendre en Europe pour se prostituer.
Plusieurs femmes ont déjà pu être aidées par Perla et ont quitté le milieu de la prostitution. Elles ont pu trouver un emploi, même si les difficultés restent grandes pour elles. L’association les accompagne dans les diverses étapes vers une vie en dehors du monde de la prostitution.

Esther Laurent

Sources

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