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La dignité, fondement de la vision de Perla

C’est lors de la toute première visite aux prostituées dans le cadre de Perla que la notion de dignité a surgi. Au contact de ces personnes, ayant un regard éteint, ne semblant plus avoir d’espoir, cette notion nous est immédiatement venue à l’esprit : la dignité semblait ne plus avoir aucun sens pour la plupart des personnes rencontrées. Il faut savoir qu’en 2013, quand nous avons commencé nos visites, peu d’associations s’intéressaient au milieu de la prostitution. Ces femmes se retrouvaient isolées, laissées à leur difficile et dangereuse situation, sans connaissance de leurs droits. La prostitution de rue était alors en plein essor à Lausanne. Il y avait au moins 200 femmes ou transsexuels sur les trottoirs, sur un espace bien plus grand qu’actuellement. Il y avait le quartier des Bulgares, celui des Roumaines, celui des transsexuels, celui des Hispaniques, celui des Africaines…tous bien définis. Au bout d’une des rues, dans une zone non éclairée, il y avait un grand immeuble d’habitation dont les caves avaient été transformées en bordel. Nous l’avons visité : les femmes y vivaient les unes sur les autres. On atteignait les pièces minuscules faisant office de chambres par un étroit couloir, tout ceci baigné dans une lumière artificielle car il n’y avait aucune fenêtre. Les femmes y avaient chacune un casier, du style de ceux que l’on trouve dans les écoles, soit très petits et ne pouvant pas accueillir beaucoup d’affaires personnelles. 

Il n’y avait bien sûr pas de cuisine ni de douche, mais seulement des micro-ondes et quelques rares lavabos. Les femmes, qui payaient leur chambre une fortune, sous-louaient leur lit aux femmes se prostituant dans la rue. Avec Perla, on était régulièrement les témoins d’échanges et de marchandages d’une clé donnant accès à une chambre contre un billet de 100 francs. La propreté et l’hygiène étant plus que spartiates, la police a finalement décidé de fermer ce lieu, qui était aussi un vrai repaire de bandits : les chambres s’y louaient Frs. 3000.- par mois et les trafiquants y agissaient en toute impunité.

Dans cette ambiance ténébreuse, dans ce manque de considération et de respect, il est évident que la dignité de l’être humain ne peut que difficilement se déployer…

C’est donc naturellement que nous avons inscrit dans la vision de Perla que nous défendions la dignité de toutes et de tous. 

Qu’entendons-nous par cette notion ? Où la retrouve-t-on ?

Selon le Larousse, la dignité est notamment le respect que mérite quelqu’un ou quelque chose. Le Larousse définit le respect comme le sentiment de considération envers quelqu’un et qui porte à le traiter avec des égards particuliers.

Cette notion est développée par les philosophes et elle est aussi utilisée en droit, notamment dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, ainsi que dans le domaine religieux. Cette notion prête à réflexion et aux débats quant à sa mise en œuvre et sa définition, toutefois, au sein de Perla, nous l’utilisons en lien avec la valeur intrinsèque de tout être humain. Nous croyons qu’un être humain a droit au respect de sa personne quel que soit son âge, son sexe, sa condition sociale, son origine, sa race, etc. Il a droit à la protection de ses besoins de base, au niveau physiologique, de sécurité, d’appartenance sociale, d’estime et de réalisation de soi.   

Dans l’aide aux victimes apportées par Perla, la dignité est un principe qui est sous-jacent à toutes nos actions. Il nous est important de veiller à ce que les besoins de base de ces personnes soient atteints, ce qui se réalise par étape et en tenant compte des désirs de la personne, tout en respectant bien entendu le cadre légal de la Suisse et nos propres conditions.

Par Betsy

 

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